Voici ce que Pline dit (Hist. Nat., lii, 107) du moineau :
columbae et turtures octonis annis vivunt. contra passeri minimum vitae, cui salacitas par. mares negantur anno diutius durare argumento, quia nulla veris initio appareat nigritudo in rostro, quae ab aestate incipit. feminis longiusculum spatium.
L'opposition avec les pigeons et colombes se fait donc sur la durée de vie, non sur la lubricité. Cependant, les mêmes pigeons et colombes ont été élevés par Pline au rang de modèle de chasteté et de fidélité conjugale, deux paragraphes plus haut:
inest pudicitia illis plurima et neutri nota adulteria. coniugi fidem non violant communemque servant domum.
L'édition des belles lettres renvoie, pour le paragraphe des moineaux et pigeons à Aristote (H. A., IX, 7, 613 a), mais ce dernier ne parle nullement de salacitas égale, il ne porte de remarque que sur la longévité respective du mâle et de la femelle, et de la tâche noire au cou du mâle, détail que reprend Pline.
Il y a donc une légère tension logique dans ce "cui salacitas par", mais il faut remarquer la construction contrastive "contra... par". Et il me semble que l'on peut comprendre l'allusion dans le sens d'une moralisation du fait d'ornithologue : à salacité égale, les moineaux meurent prématurément. Ou bien les pigeons vivent longtemps, bien que jouissant des mêmes plaisirs charnels.
En somme, Pline, en faisant explicitement contraster la différence de longévité avec l'égalité d'appétence sexuelle, rendrait possible une interprétation moralisante, et permettrait une réinterprétation ultérieure compatible avec l'opposition amor carnalis / amor spiritualis, dont le couple moineau/pigeon sera un bon représentant (de même que le couple perdrix/pigeon dont, me semble-t-il, E. de Jongh parle). Remarquons d'ailleurs qu'avant de parler des pigeons, Pline parlait précisément des perdrix, pour vanter cette fois la conduite exemplaire des mères feignant d'être blessée pour attirer prédateurs et chasseurs loin de sa nichée.
Excipit salacitas passerum
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