samedi 9 avril 2011

Tityre et les vampires

Salammbô, ou la sanglante naissance du chant :
Un des gardes de la Légion, resté en dehors, trébuchait parmi les pierres. Zarxas accourut, et, le terrassant, il lui enfonça un poignard dans la gorge ; il l'en retira, se jeta sur la blessure, -- et, la bouche collée contre elle, avec des grondements de joie et des soubresauts qui le secouaient jusqu'aux talons, il pompait le sang à pleine poitrine ; puis, tranquillement, il s'assit sur le cadavre, releva son visage en se renversant le cou pour mieux humer l'air, comme fait une biche qui vient de boire à un torrent, et, d'une voix aiguë, il entonna une chanson des Baléares, une vague mélodie pleine de modulations prolongées, s'interrompant, alternant, comme des échos qui se répondent dans les montagnes ; il appelait ses frères morts et les conviait à un festin (#1) ; -- puis il laissa retomber ses mains entre ses jambes, baissa lentement la tête, et pleura. Cette chose atroce fit horreur aux Barbares, aux Grecs surtout.
Chant amœbée sur sang de macchabée, cette chose atroce fait horreur aux Barbares, aux Grecs surtout.

Excipit le vampire mélancolique

1 Sur les festins donnés aux morts et leur rapport au vampirisme dans les représentations romantiques, voir Collin de Plancy, Histoire des vampires, chap. III.

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