dimanche 4 avril 2010

More sur Borges


Toujours dans le même texte, Borges écrit:
En la página 177, el señor Fabureau (precedido, es verdad, por el señor Henri Charpentier) revela que ahí donde la versión definitiva de "Palme" dice: départage sans mystère, la primera decía: départage avec mystère.
Esa contradicción (esa inocente modificación, mejor dicho) provoca este comentario insensato: "De una edición a otra, el sentido de la estrofa ha sido invertido. Paul Valéry se burla de sus lectores". Paul Valéry, si se dignara, podría contestar muchas cosas. podría contestar que la inversión de un adverbio en un verso (digo adverbio, porque avec mystère equivale a mystérieusement) no invierte el sentido de la estrofa. Podría contestar que un poeta que se relee puede juzgar que la palabra "sin" es menos inexacta o más eficaz en tal sitio que la palabra "con". Podría contestar que un hecho estético (lo corrección de una palabra) no puede autorizar un juicio moral (la imputación de burla).
Je ne connais pas de meilleure glose aux variations des vers 12 et 13 du Guignon de Baudelaire:

- En 1857 :
Mainte fleur épanche en secret
Son parfum doux comme un regret
- Et en 1861 :
Mainte fleur épanche à regret
Son parfum doux comme un secret.
Mais les Fabureau sont rares parmi les baudelairiens généralement dévots de leur objet.

D'ailleurs, cette vindicación de Valéry conviendrait tout aussi bien pour gloser les variantes apparemment contradictoires d'autant de poètes qu'il y a de lecteurs et de prédilections.

Il me semble y avoir plusieurs raisons à cela.

La première raison est sentimentale. De telles variantes donnent une apparence de faiblesse à leur auteur. Tout d'un coup le démiurge est pris la main dans le sac, et c'est une main d'homme. Au fond, on le savait bien et cela ne devrait pas poser problème, au contraire, et comme dit Freud de Léonard, on devrait bien penser que ... On sait tout ça, mais, comprenez-vous, il faudra quand même bien défendre nos grands hommes contre les Fabureaux de tout poil qui ne manqueront pas de venir nous les attaquer. Et si du haut de sa tour d'ivoire, soeur Anne n'en voit pas un venir, il se pourra tout aussi bien que nous ayons en nous de petits soldats Fabureaux soulevés par nos propres peurs Fabureaux et qui voudraient bien pouvoir Fabureau renverser nos idoles eux aussi. Flaubert dit bien que la bêtise attire le saint et les yeux du Catoblépas médusent qui le regarde. Bref, on sait tout ça, disais-je, mais si quelqu'un, dehors ou dedans, vous demande ce que signifie cette variante, vous répondrez quoi, hein ? Or, le texte de Borges non seulement répond, mais rétablit l'ordre naturel. Il change un point faible en point fort. Le champ qui gronde aux sources de la création retourne au geste créateur, le sceptre rejoint le calame dans la main du poète, et l'art demeure cette affaire privée qui concerne l'artiste et son œuvre. Est intrus quiconque veut le sortir de cet échange pour en faire autre chose que le don au lecteur. Le critique avait déplacé le problème, il s'agissait de le reposer (et il s'agirait quant à nous de reprendre tout ça, le ramasser).

La seconde raison est donc d'ordre général. Cette défense de Valéry est aussi une défense pro domo du poète et de la poésie. Là encore, je pense pour ma part au genus irritabile vatum de Baudelaire dans son projet de Lettre à Jules Janin: le flegme en plus et la colère en moins. Mais cessons de citer Baudelaire, Borges n'en était guère féru.

La troisième raison est de l'ordre de l'aléthique. Cette défense n'est pas seulement rassérénante et générale, elle est fondamentalement vraie.

La quatrième raison est esthétique, ou plutôt : musicale, et c'est une reformulation de la précédente. Elle se définit par l'absolue justesse de ton.

Et la dernière raison, enfin, m'est personnelle et concerne à la fois la sensibilité de Borges à la façon dont Fabureau parle de Valéry, et sa propre façon de parler de ces deux-là. Je n'ai pas envie d'expliciter davantage cette raison. J'en dirai seulement ceci: ce à quoi je suis le plus sensible quand je lis de la critique, c'est la relation qui émane du texte entre l'auteur et l'écrivain que ce dernier s'est choisi pour sujet d'étude.

Toutes sortes de manières sont par ailleurs envisageables.

Excipit More sur Borges.

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